L’économie circulaire

Nous le savons depuis quelque dizaine d’années déjà, ça ne tourne pas rond dans notre manière de consommer et de produire. En Union Européenne, nous produisons presque 2,2 milliards de tonnes de déchets chaque année. Alors pour pallier ce problème, nous avons commencé à nous orienter vers une économie circulaire.  D’ailleurs, en France une loi anti gaspillage, pour une économie circulaire, a été promulguée le 10 février 2020.
Cette dernière suit une feuille de route qui se décline en 5 grands axes :

  • Sortir du tout jetable
  • Mieux informer les consommateurs
  • Lutter contre le gaspillage et pour le réemploi facile
  • Agir contre l’obsolescence programmée
  • Mieux produire

L’économie circulaire c’est quoi ? 

C’est un modèle de production et de consommation écologique consistant à partager, réutiliser, réparer, rénover et recycler des produits et des matériaux. Il doit se faire de la manière la plus durable possible et dans l’optique de préserver la valeur de ces produits et matériaux. De cette manière, le cycle de vie des produits est allongé afin de réduire l’utilisation des matières premières et la production de déchets.

Au-delà de sa lutte contre le problème de la pollution, l’économie circulaire peut devenir un pivot dans la résolution des problèmes liés aux changement climatiques et la perte de la biodiversité. Il est donc plus important et écologique que le recyclage.

 

Schéma de l’économie circulaire :

Ses origines

C’est un concept vieux comme le monde et qui connaît actuellement un renouveau, ramenant l’attention sur la valeur précieuse des biens et la nécessité de les préserver. Bien qu’il soit devenu plus prépondérant dans notre discours contemporain, ce concept possède des racines anciennes. Nous pourrions citer les romains, qui déjà à l’époque, réparaient et réutilisaient les poteries au lieu de simplement les jeter ou les familles, pendant la Grande Dépression aux États-Unis dans les années 1930, qui réparaient leurs vêtements usés et réutilisaient des objets ménagers au lieu d’en racheter de nouveaux.

L’Afrique et l’Asie, en particulier, sont aujourd’hui confrontées à un double défi. D’une part, ces régions font face à des problèmes de gestion des déchets, notamment en raison de l’importation de déchets toxiques, d’équipements électroniques et de textiles en provenance de pays plus développés. D’autre part, en raison de ressources financières limitées et d’un accès restreint aux biens de consommation, elles ont dû développer une créativité et une ingéniosité remarquables pour créer des objets uniques. Cela a conduit à la transformation de bidons en instruments de musique recyclés, de plastique recyclé en bijoux et sculptures, et de pneus usagés en sacs, entre autres initiatives.

Heureusement aujourd’hui, beaucoup de ces pays refusent d’accepter le statut de poubelles mondiales et renvoient ces déchets à leurs envoyeurs. C’est le cas de 14 pays dont la Malaisie qui a renvoyé 3000 tonnes de déchets plastiques aux pays expéditeurs dont la France et les États-Unis.

Quelques tote bags créés par Simili. © Prendrelevent

Usine Biodosa : Découpe de savons et faits à partir de l’un des résidus les plus polluant, l’huile de cuisson usée.

Crédit photo : Deritson de Pina    

Pascale Marthine Tayou, ‘Sacs plastiques’ (2001-2011). ‘Terre vulnerabili’, vue d’exposition au Hangar Bicocca, 2011.

Photo d’Agostino Osio, © ADAGP, Paris

L’attente (2021) par Koffi Mounou Désiré. Peinture acrylique sur des claviers de téléphone cassés et usagés. 

Crédit photo : Galerie d’art professionnelle – Côte D’Ivoire

Les effets de l’économie circulaire

Protection de l’environnement :

L’économie circulaire joue un rôle crucial dans la préservation de l’environnement en prolongeant la durée de vie des produits. Cette approche encourage la conception de biens durables, résistants à l’usure et réparables, réduisant ainsi la quantité de déchets générés. En effet, plus de 80% de l’impact environnemental d’un produit est déterminé lors de sa phase de conception. En favorisant la production de produits de meilleure qualité et en offrant des solutions abordables pour les réparations, l’économie circulaire diminue non seulement le gaspillage, mais aussi la pression exercée sur les ressources naturelles pour la fabrication de nouveaux articles.

De plus, l’accent est mis sur la réutilisation et la réparation des produits plutôt que leur simple élimination. Des études montrent que l’adoption de stratégies d’économie circulaire peut contribuer à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) de 40% d’ici 2050, en optimisant l’utilisation des matériaux dans des secteurs clés tels que le ciment, l’acier, le plastique et l’aluminium. En intégrant également des approches circulaires dans le système alimentaire, des réductions de 49% des émissions mondiales de GES pourraient être atteintes.

Pour faciliter cette transition, des organismes intermédiaires sont créés, jouant un rôle essentiel dans la collecte, la réparation et la réutilisation des produits. Ils agissent en tant que médiateurs entre les consommateurs, les entreprises et les acteurs de la chaîne de valeur, favorisant ainsi la restauration et la remise en circulation des produits tout en promouvant une culture de consommation plus durable. Cette approche de réutilisation contribue de manière significative à la réduction de la production de déchets, un problème croissant au vu du fait que chaque Européen génère en moyenne 180 kg de déchets d’emballage par an.

Moins de dépendance aux matières premières :

Alors que la population mondiale atteint 8 milliards d’habitants, la demande en matières premières n’a jamais été aussi élevée. Cependant, l’approvisionnement en ces ressources est proportionnellement limité.

Au cœur de l’économie circulaire se trouve la promotion du recyclage efficace des matériaux, les ramenant ainsi dans le cycle de production. Cette approche va au-delà de la simple élimination des déchets en mettant l’accent sur leur transformation en ressources précieuses. Les matériaux autrefois considérés comme des déchets sont réhabilités grâce à des méthodes de valorisation ingénieuses, ce qui permet leur intégration dans des processus productifs. La collaboration entre les entreprises est encouragée pour établir des boucles d’approvisionnement, où les sous-produits et les déchets d’une entreprise sont utilisés comme matières premières par d’autres. Cette transformation de la perception des déchets en sources potentielles de matières premières réduit la dépendance aux ressources vierges et limite la pression sur les écosystèmes naturels. Elle renforce également la durabilité des opérations et encourage la symbiose industrielle et l’économie de partage.

Création d’emplois et réduction des prix de revente :

L’économie circulaire constitue également une source de création d’emplois significative. Selon le Parlement européen, elle pourrait générer 700 000 emplois dans l’Union européenne d’ici 2030, dont 75% seraient liés à la réparation. Le recyclage des déchets prend de plus en plus d’ampleur en tant que créateur d’emplois, avec des activités de réparation, de réutilisation et de recyclage qui génèrent environ 25 fois plus d’emplois que la mise en décharge de ces déchets, comme l’a souligné le Ministère de la Transition Écologique.

De plus, les effets de l’économie circulaire améliorent la compétitivité, stimulent l’innovation et favorisent la croissance économique. En fin de compte, les consommateurs peuvent bénéficier de produits plus durables, innovants et à longue durée de vie, ce qui leur permet d’économiser de l’argent à long terme. Des entreprises telles que Back Market, spécialisées dans le reconditionnement, en sont un exemple concret. Fondée en 2014, cette entreprise a connu une croissance impressionnante, avec un volume d’affaires de 96 millions d’euros en 2020 dans 5 pays, grâce à ses services qui offrent des produits de qualité à moindre coût tout en réduisant la production de produits neufs et de déchets en prolongeant la durée de vie des produits.

L’économie circulaire et le secteur de l’ameublement :

Selon le rapport “Circular Economy Opportunities in the Furniture Sector“, chaque année en Europe, près de 10 millions de tonnes de meubles sont jetées par leurs propriétaires, qu’il s’agisse d’entreprises ou de particuliers. Malheureusement, la plupart de ces déchets finissent soit en décharge, soit sont incinérés. Face à cette réalité alarmante, l’économie circulaire offre une solution concrète. Elle promeut la récupération, la rénovation et la remanufacturation, ce qui permet de valoriser chaque pièce et de réduire drastiquement ce gaspillage de ressources précieuses.

Cette approche vertueuse gagne du terrain dans l’industrie de l’ameublement. De nombreuses entreprises ont pris conscience de l’impératif environnemental et économique qui l’accompagne et adaptent leurs produits et services en conséquence. Un exemple concret est celui de la Ligne Roset, une entreprise française de meubles haut de gamme. Elle se distingue en récupérant et en réutilisant des matériaux tels que la mousse, le cuir et le métal dans le cadre de sa production, réduisant ainsi son empreinte environnementale.

Une autre initiative notable est celle d’Emmaüs, une communauté qui collecte, répare et remet en vente des meubles et des objets d’occasion. Cette démarche non seulement prolonge la vie des objets, mais elle offre également des opportunités d’emploi aux personnes en difficulté.

L’atelier Emmaüs (2020), Centre de consultation médicale Emenea – Lyon

Par ailleurs, il existe des entreprises comme Le Pavé, qui ont développé leur propre matériau «Le Pavé » éponyme de la marque. Il est constitué de déchets plastiques récupérés et transformés localement et sous forme de panneaux. Malgré sa conception, il reste sain, plurivalent, malléable et se scie, se perce, se ponce et peut également se thermoformer.

Le Pavé : Plateau de table basse en texture minérale, 19mm. Quantité de plastique recyclée : 28 kilogrammes

La location de meubles à durée déterminée est une tendance émergente. L’entreprise Orent en fait partie ! Ainsi, elle favorise l’usage plutôt que la « propriété » et désire un mouvement de société qui passe du « consommer-jeter » à une société dans laquelle on privilégie « l’expérience de la consommation ».  

Les exemples d’enseignes qui se sont adaptés ou lancés dans cette aventure sont nombreuses mais toutes avec le même objectif : Réduire leur empreinte carbone et valoriser des matériaux considérés comme inaptes.

La Fabrique

Dans ce contexte, La Fabrique veut s’ériger comme un acteur engagé qui prend à cœur la promotion de meubles durables et basés sur la récupération. Cette démarche s’étend à tous les aspects de l’entreprise de l’approvisionnement à la production, en passant par la vente et les collaborations. Au cœur de cette philosophie de l’économie circulaire, se trouve la réutilisation, un principe fondamental qui guide l’ensemble de leurs activités.

Une initiative phare de La Fabrique pour l’économie circulaire est la « Cabane à Chutes ». Il s’agit d’un concept novateur qui consiste en un container ouvert au public, constamment approvisionné en panneaux et en chutes de bois produits par La Fabrique. Ce dispositif permet à toute personne intéressée par ces matériaux de venir les récupérer et de leur donner une seconde vie. En outre, la cabane expose des créations réalisées par les clients et à partir de ces chutes de bois, mettant en avant l’engagement de l’entreprise en faveur de la réutilisation d’afficher les possibilités créatives que cette récupération permet.

Les chutes de bois en ne se limitent pas à la cabane, car La Fabrique les utilise pour fabriquer de petits objets vendus dans leur boutique de Noël. Des pièces défectueuses, des chutes, des rebuts, des essais et des surplus (ou des chutes de l’atelier en bois massif ?) sont autant de sources d’inspiration pour notre équipe qui les transforme en pièces de mobilier et de décoration, allant d’un plateau de thé à un support de bureau ou encore une planche à apéro. De plus, ces matériaux sont intégrés dans des meubles et dans des caisses d’expédition, réduisant le gaspillage au maximum.

Petits objets vendus dans la boutique de Noël et fabriqués à partir de chutes de bois

Nous poussons le concept encore plus loin collaborant étroitement avec des clients et des scénographes pour des projets complets. Par exemple, pour un stand destiné à la Métropole de Lyon utilisé dans 4 stands ou un stand pour Viva Fabrica, en partenariat avec De Facto, l’entreprise a récupéré 100 % de la matière pour la réutiliser dans d’autres fabrications ultérieures. Cette approche nécessite une adaptation de la conception et de la fabrication pour permettre la « démontabilité » des pièces en vue de leur réutilisation.

Stand Viva Fabrica en partenariat avec De Facto

En outre, et dans une moindre mesure, nos chutes sont aussi utilisées dans nos ateliers de fabrication ouverts au grand public. Ces ateliers ne transmettent pas seulement les compétences de l’ébénisterie et de la menuiserie, mais promeuvent également l’idée du « faire soi-même », incitant ainsi à une consommation plus responsable tout en limitant le gaspillage et en valorisant le travail manuel.

Cette approche est également appréciée par notre partenaire, Tizu Meuble, pour lequel nous fabriquons, à partir de nos propres chutes, des empiétements en bois dédiés aux Tables Gygognes Bellecombe par exemple. Avec des pieds faits à partir de déchets de bois massif d’essences indigènes (locales) à base de chêne, de frêne, de sycomore et de hêtre, ces tables, produites à Lyon, sont fabriquées en économie circulaire à 95% avec des plateaux de table basses, récupérés dans des immeubles en déconstruction, et des décors de tables réalisés à partir de linges de maison en fin de vie. Cette relation illustre bien comment l’économie circulaire peut créer des synergies positives entre les acteurs de l’industrie de l’ameublement.

L’ensemble de ces initiatives nous a permis d’éviter 6 tonnes de déchet l’année dernière. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, cela nous a permis d’économiser près de 2000 € !

Même des grandes entreprises nationales comme la SNCF en font leur ligne de conduite. Nous venons en effet de signer une convention de récupération avec le techni-centre SNCF de Nîmes pour collecter des planchers de wagon en chêne massif usagés en vue de les réutiliser dans la fabrication de meubles. Ces planchers vieillis sont très secs, robustes et esthétiques… Nous sommes en train de mettre en place une boucle de collecte et de tester un procédé de préparation des pièces. Très important : contrairement aux traverses de chemin de fer qui sont largement traitées, ces planchers sont exempts de toute substance nocive. Parmi les premières applications en cours, nous travaillons sur une cave à vin et des tables de pique-nique. Et vous, quelles sont vos idées ?

Parce qu’il y a de bonnes idées de partout, nous sommes en train de travailler avec la société 100Détours pour construire un partenariat régional afin de développer leur activité en AURA. 100 Détours, entreprise de surcylage située à La Chapelle Saint-Etienne, offre une seconde vie aux anciennes fenêtres pour réaliser du mobilier contemporain comme des bancs, des tables, des agencements, des abris à vélo…

Abri à vélos AAv01 et ranges vélos MRv0. Fabrication en lamellé-collé surcylé, bardage en bois issu d’anciennes menuiseries extérieures. 

Enfin, La Fabrique est à l’initiative du club des UPER’S de l’Ameublement français. Il s’agit d’un mouvement réunissant tous les adhérents de ce syndicat professionnel qui fabrique des meubles dans une logique d’économie circulaire, que ce soit le recyclage, la réutilisation ou le réemploi. Il regroupe une variété d’entreprises tant en termes de taille que de secteur d’activité, telles que le contract, la cuisine, le mobilier domestique, le mobilier pro, l’outdoor…

Notre ambition pour ce club : que le plus grand nombre d’entreprises s’en reconnaissent dans les années à venir !